Changer notre regard et Vivre !

Depuis le début de la crise Covid, j’ai souvent été amenée à échanger avec mon entourage sur les mesures prises pour lutter contre cette pandémie et l’impact qu’elles avaient sur nos vies.

Loin de moi l’idée de contester les décisions des gouvernements dans le monde. Je n’ai pas les compétences nécessaires et, surtout, je n’aimerais pas être à leur place !

Cependant, je me suis interrogée sur ce que toutes ces mesures révélaient de l’état d’esprit de la société contemporaine.

Lors de mes réflexions, j’ai lu un post Facebook d’Alexandra Romano que je vous invite à lire. Elle y évoque les mots de Marie de Hennezel, écrivain et psychologue, qui éclaire notre regard sur la situation de notre monde sous Covid. Extrait du journal « le Monde » du 04 mai 2020.

La phrase d’accroche a retenu toute mon attention : « L’épidémie de Covid-19 porte à son paroxysme le déni de mort ». Ces mots trouvaient une vraie résonnance en moi.

J’ai longtemps hésité à exposer mes idées sur ce point tant le sujet est délicat. Mais, en ce 30 Octobre, Journée Mondiale de la Vie, j’ai eu envie de m’appuyer sur cette lecture pour … célébrer la vie !

L'illusion d'éternité

Lorsque j’étais étudiante, mon (excellent) professeur de philosophie nous a demandé ce que nous ferions si nous étions éternels. Et, alors que nous répondions quasi à l’unissons « Profiter de la vie ! », sa réponse nous a tous surpris : « Pour ma part, je m’ennuierais. »

Par ces mots, il mettait en évidence les différentes conceptions de la vie et de la mort selon les âges.

En tant qu’adolescents, nous savions que nous étions mortels sans trop vouloir y croire. Ainsi, nous sentant « invincibles », nous préférions sacrifier les projets plus complexes et plus lointains à nos plaisirs immédiats. Nous vivions dans la découverte des joies et saveurs que la vie nous offrait et comptions bien en profiter sans fin, éternellement… Nous étions dans la douceur de l’insouciance, voire de l’inconscience. Dans l’illusion d’éternité.

N’est-ce pas là l’image que nous renvoient nos sociétés occidentales ? Ces sociétés où les citoyens “libres”, effrayés par l’idée de mourir, préfèrent se voiler la face et vivre dans la satisfaction des plaisirs immédiats.

Hélas, en vivant dans le déni de notre mortalité, nous sommes esclaves de nos peurs, de nos pulsions, de nos désirs. Nous vivons en automates, refusant la frustration et la douleur. À vouloir nous soustraire à l’inévitable, nous perdons notre liberté, notre humanité.

De l’inconscience à la conscience

Pour reprendre les conceptions de la vie selon les âges, en devenant adulte, nous prenons conscience de notre finitude. Le temps nous est compté. Alors, il nous est nécessaire de vivre, de concrétiser ce qui nous tient le plus à cœur. La conscience de notre propre mort nous permet de nous accomplir en atteignant ou du moins en nous efforçant d’atteindre les buts que nous nous sommes fixés.

Dans un discours prononcé en 2005 devant les diplômés de l’Université de Stanford, Steve Jobs a tenu (entre autres) ces propos :  » Me souvenir que je peux mourir bientôt est l’outil le plus efficace que j’aie trouvé pour m’aider à faire les grands choix dans ma vie. (…) Votre temps est limité, alors ne le perdez pas en vivant la vie d’un autre. Ne soyez pas prisonniers des dogmes. Ne laissez pas le bruit des opinions d’autrui étouffer votre voix intérieure. » (Lien vers la vidéo)

Par ces mots, il rejoint la pensée d’Heidegger*, essentiellement portée sur la question de l’Être. Pour celui-ci, il existe une « vie inauthentique », celle qui se vit à l’extérieur, qui est irréfléchie et inconsciente de sa mortalité. A contrario, quand l’être humain est conscient de sa finitude, il est très probable qu’il veuille vivre avec une pensée qui lui est propre et prendre ses propres décisions.

Ainsi, en passant de l’inconscience à la conscience de la mort, nous pouvons donner un sens à notre vie : une signification et une direction.

*Certes très controversé pour ses penchants politiques, Martin Heidegger est un philosophe allemand considéré comme l’un des philosophes les plus importants et influents du XXème siècle.

Accepter ce qui est et ne peut être changé

J’en conviens aisément, cette prise de conscience de notre propre mort n’est pas aisée. Elle fait tellement peur ! Cette peur est tout à fait respectable et compréhensible. Cependant, elle ne nous évitera pas le “danger” !

Nous connaissons tous (ou presque) la célèbre phrase de Socrate “Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien” (oui, c’est très philo aujourd’hui 😊). Pourtant, il y a bien une chose dont nous pouvons être convaincus, quelles que soient nos croyances sur ce point, c’est que notre vie terrestre s’achèvera un jour. Malgré tous les progrès de la médecine, notre finitude est incontournable.

C’est un fait dont nous devons nous accommoder car nous n’avons aucune prise dessus (là, c’est mon côté stoïcien 😊).

Il y a peu, en commentaire d’un de mes posts Facebook, une de mes amies me faisaient remarquer que “la Covid 19 tue” et que “des personnes sont en train de mourir en réanimation”. C’est vrai. Comment le nier ? Cependant, la mort n’a pas attendu ce virus pour faire son œuvre et ne cessera pas la moisson une fois la pandémie passée. Elle fait et continuera à faire son boulot quelles que soient les circonstances. C’est la mission que la Vie lui a confiée. C’est ainsi… Et, face à cette évidence, tout aussi terrible soit-elle, nous ne pouvons qu’accepter ce qui est.

Mais, bonne nouvelle, nous avons un pouvoir immense :  celui de changer, d’agir sur ce qui est à notre main. Agir nous rend « vivants » : nous nous donnons les moyens d’être acteurs de notre propre vie.

Baisser les bras ou lever la tête : un choix qui nous appartient

Oui, nous n’avons pas le choix des événements qui arrivent. Cependant, nous pouvons choisir le regard que nous portons sur ces impondérables. Nous pouvons choisir la manière dont nous allons y réagir. Nous pouvons choisir entre la peur de ce que la vie nous réserve ou la joie d’apprendre dans la difficulté ; baisser les bras ou lever la tête.

La vie n’est pas belle en soi, pas plus qu’elle n’est aimable. Elle est belle parce que nous savons voir sa beauté. Elle est aimable parce que nous voulons l’aimer.

Deux personnes peuvent avoir exactement la même existence, faire les mêmes rencontres, vivre les mêmes événements. L’une donnera du sens à ce qui lui arrive, aimera la vie et en verra toute la beauté, malgré la douleur et les obstacles. L’autre peut n’y voir que les difficultés, être écrasée par elles, trouver la vie absurde et cruelle. Tout réside dans notre regard.

Plutôt que de vivre dans la crainte, de pleurer ce qui n’est plus, nous avons le pouvoir de nous réjouir de ce qui est arrivé et nous arrivera.

 

Je terminerai sur cette citation de Sénèque qui m’est particulièrement chère (philo jusqu’au bout 😉) :

« Vivre ce n’est pas attendre que les orages passent, c’est apprendre à danser sous la pluie. »

 

Par ces mots je vous invite à danser, à rire, à apprendre, à aimer, à tout simplement Vivre !

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