L’échec : Tomber pour apprendre à se relever

Dans notre société, le mot Échec a un goût aigre. Bien sûr, lorsqu’on se lance dans un projet, quel qu’il soit, notre première peur est celle d’échouer. Nous ne voyons dans l’échec qu’une note négative. Nous ne parlons jamais de nos échecs par peur d’être perçu comme un « looser ». Pourtant, comme en toutes choses, il y a du bon à échouer.

Lorsque nous sommes dans notre prime enfance, cette peur n’existe pas. Nous apprenons à marcher et… nous tombons ! Nous nous relevons et recommençons. Instinctivement, sans même en être conscients, nous « comprenons » ce qui nous a fait tomber, corrigeons notre marche et repartons d’un pied plus assuré.

Je me rappelle encore de la voix de mon père me disant : « C’est en tombant qu’on apprend à se relever. Expérimente, fais des erreurs et tires-en les leçons. » Pour apprendre que le feu brûle nous nous sommes brûlés. Pour comprendre que l’eau mouille, nous nous y sommes plongés.

Alors pourquoi, en grandissant, devenons-nous autant allergiques à la chute, à l’échec ? Le regard des autres peut-être ? A vrai dire, très certainement. Dans une société où l’on ne valorise que le succès, il est difficile de dire que l’on a échoué, inopportun de reconnaître que l’on est tombé. Avant même la peur de ne pas se relever, celle de décevoir notre entourage – tant personnel que professionnel – nous « oblige » à cacher nos ratages.

Pourtant si, comme lorsque nous apprenions à marcher, nous regardons notre échec en face, l’analysons et en tirons les leçons, nous nous relevons. Et mieux encore, nous repartons de l’avant plus confiants parce que plus forts des leçons apprises.

"Échec" : Une étymologie instructive

Selon Wikipédia, le mot échec est, dès l’origine, associé au jeu d’échecs et aux pièces qui le composent. Échec vient du mot arabe d’origine persane shâh « roi ». Associé au mot arabe mat on obtient « le roi est mort » soit « échec et mat ».

Si nous nous référons à cette étymologie, l’échec correspond au roi et, tant qu’il n’est pas associé à « mat », le « roi » n’est pas mort ! Ainsi, le roi avance ses pions, en perd certains mais continue tant qu’il n’est pas « mat ». Ces pertes sont un passage obligé pour gagner la partie.

Lorsqu’un joueur d’échecs entame une partie, il a élaboré une stratégie tout en étant conscient qu’il y a peu de chances que tout se passe comme prévu. Il sait qu’il risque d’être mis en difficulté, de perdre des pièces « essentielles » à son jeu. Il sait qu’il aura peut-être besoin de revoir sa stratégie pour gagner. Et il joue.

Il joue parce que, justement, toute la beauté du jeu est de s’adapter. À chaque difficulté il devra analyser le jeu et corriger ses combinaisons. Tout comme l’ont certainement fait Fisher, Karpov ou Kasparov, il apprendra de ses erreurs et se perfectionnera. Confiant dans ses progrès et ses (nouvelles) capacités, il jouera encore.

Da Kasparov à Oprah il n'y a qu'un pas

Bon nombre de grandes personnalités ont partagé leurs échecs.

Par exemple, Denzel Washington parle fréquemment de ses nombreuses tentatives échouées, des nombreux rôles qu’il n’a pas eus. Aujourd’hui, sa notoriété et son talent ne sauraient être remis en cause.

Steve Jobs, dit de son licenciement de chez Apple – société qu’il avait lui-même créée – que cela a été la meilleure chose qui lui soit arrivée : « J’étais à nouveau un débutant avec moins de convictions. » Grâce à cette expérience, il s’est remis en question, a créé de nouvelles sociétés (NeXt et Pixar, rien que ça !) et a réintégré le groupe Apple…

Walt Disney a été viré d’un journal pour « absence d’idées originales ». Malgré les critiques, il ne s’est pas laissé abattre et a continué à suivre son cœur, son intuition. Et fort heureusement ! Ses créations ont amené et amènent encore de la magie à des générations d’enfants.

Oprah Winfrey, animatrice mondialement connue aujourd’hui, est reconnue comme une des plus influente aux États-Unis. Pourtant son parcours a été jalonné d’échecs comme lorsqu’elle a été rétrogradée de son poste de présentatrice parce qu’elle « n’était pas faite pour la télévision. »

Toutes ces célébrités se sont retrouvées en « échec » mais ont refusé le « mat ». Elles n’ont jamais baissé les bras. Elles ont continué, vaille que vaille, convaincues qu’elles y arriveraient. Elles ont appris et persévéré.

Les mots clés : Apprentissage, Persévérance, Confiance

Tout comme le jeune enfant qui fait ses premiers pas persévère pour arriver un jour à marcher puis courir. Un pas après l’autre, une chute après l’autre, il apprend.

C’est dans cet esprit que l’échec devient un ressort. Une leçon que nous devons apprendre pour faire mieux au prochain pas. En changeant notre regard sur l’échec nous pouvons voir en lui des apprentissages nécessaires. Qu’ai-je appris de cette expérience ? Comment en tirer profit ? Forts de ces « retours d’expériences », nous pouvons alors corriger la méthode, la trajectoire. Nous pouvons recommencer, parfois encore et encore, … différemment.

« La persévérance paie toujours » dit-on. C’est totalement vrai dès lors qu’elle n’est pas « bornée ». Si elle s’accompagne de l’apprentissage ; si nous reconnaissons nos erreurs et les corrigeons.

Mais la persévérance n’est possible que si nous avons confiance, si nous avons foi en nous et en la vie. Toutes les réussites sont marquées par une confiance inébranlable.

L’enfant à une grande force en lui : Il est confiant. Il ne connaît pas la peur d’échouer parce qu’il « sait » qu’il est en train d’apprendre et parce que personne ne lui a dit qu’il échouerait !

Personne ne le lui a dit car, pour tous, il est « normal » de marcher. Il est « normal » qu’un enfant fasse un pas, tombe, se relève, fasse deux pas, tombe, etc… Nous en sommes tous passé par là. Si nous avons la chance d’avoir des jambes fonctionnelles, nous avons tous vécu ces échecs et, aujourd’hui, avons cette réussite en commun : nous marchons ! Nous sommes conscients qu’il nous a fallu tomber pour l’apprendre.

Alors, une fois adulte, pourquoi n’aurions-nous plus le droit à l’échec ?

Revendiquer le "droit à l'échec"

Alors que nous comprenons qu’un enfant se trompe lorsqu’il apprend, nous sommes prompt à juger négativement un adulte qui échoue. Notre société est ainsi faite.

Dans ce contexte, il nous est donc très difficile de garder l’enthousiasme prôné par Mr Churchill face à nos échecs. Comment rester positif alors que nous sommes vus – et nous voyons parfois nous-mêmes – comme un « looser » ?

Très certainement en révisant notre posture face à nous-même et face aux autres.

Lorsque vous tombez, ne laissez pas le Mr/Ms Harsh (Mr/Mme Sévère) qui sommeille en vous vous convaincre que vous êtes « nul(le) », « incapable », … Demandez-vous ce qui vous a fait tomber : un mauvais pas, un caillou, … ? Vous poser cette question vous permettra de corriger votre démarche, d’identifier et de contourner l’obstacle. Croyez en vous et en vos capacités. Persévérez. C’est là votre plus grande force !

De même que vous refusez d’écouter votre impitoyable juge intérieur, ne vous laissez pas décourager par le jugement des autres. Demandez-vous pourquoi untel vous serine un (insupportable) « Je te l’avais bien dit ». Ne vous renvoie-t-il pas sa propre peur, sa frustration ? C’est toujours le cas, croyez-moi.

À lui comme aux autres osez répondre « J’ai essayé, j’ai appris et je réessaierai encore. » Citez-leur cette très belle phrase de Nelson Mandela : « Ne me jugez pas sur mes succès, jugez-moi sur le nombre de fois où je suis tombé et où je me suis relevé à nouveau. »

 

Rappelez-vous de l’enfant que vous avez été. Il a osé faire un premier pas, il est tombé et s’est relevé à chaque fois. Rappelez-vous que sans son opiniâtreté, sans sa confiance en lui, vous ne marcheriez pas aujourd’hui.

Difficile de se souvenir de cette période si lointaine ? Normal ! Sachez que dans l’histoire, qu’elle soit vôtre ou avec un grand H, nous oublions les échecs et retenons les succès.

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